Citroën SM : un grand coupé emblématique du luxe automobile français
La Citroën SM, lancée en 1970, symbolise un tournant audacieux dans l’histoire de l’automobile française. Ce grand coupé 2+2 s’est imposé comme une fusion remarquable entre luxe, avant-gardisme technique et design innovant. Pour la première fois, le constructeur aux chevrons proposait un modèle alliant à la fois confort exceptionnel, performances sportives et technologies inédites. Le pari était risqué, mais la SM est rapidement devenue une icône, fascinant amateurs et spécialistes.
Le véhicule s’inscrit dans un contexte industriel marqué par la collaboration franco-italienne avec le rachat de Maserati par Citroën en 1968. Cette alliance permit d’implanter sous le capot un moteur V6 Maserati de 2,7 litres, forgé par l’ingénieur Alfieri. Cet engin, puissant et raffiné, offrait 170 chevaux dans sa version initiale, conférant au bolide une vitesse de pointe de 220 km/h, limpide preuve de sa vocation sportive.
La silhouette de la SM a été conçue par Robert Opron et Jean Giret, deux noms majeurs du design automobile de l’époque. L’avant effilé et entièrement caréné, complété par six projecteurs, dont deux directionnels, évoque la vitesse et la fluidité. Son coefficient de pénétration dans l’air (Cx) exceptionnel de 0,339 contribue à ses performances et à son élégance inimitable. Cette carrosserie était produite par le carrossier industriel Chausson, un gage de qualité artisanale et d’industrialisation maîtrisée.
L’aspect luxe est renforcé par l’utilisation de la suspension hydropneumatique, inventée par Citroën, qui équipe la SM avec ses correcteurs d’assiette et amortissements variables. La direction DIRAVI, innovante et surprenante, offre une assistance variable en fonction de la vitesse, renforçant la sécurité et le plaisir de conduite. L’ensemble fait de la SM une voiture aussi confortable que sportive, capable de longues étapes sur autoroute avec un raffinement rare dans les années 70.
Si la Citroën SM demeure une création exemplaire, ce fut aussi une voiture d’exceptions qui souffrit à la fois de son coût élevé et d’une complexité mécanique parfois mal comprise. Ces éléments freinèrent sa diffusion et la placèrent dans une niche réservée aux connaisseurs. Aujourd’hui, cette rareté accentue encore son aura, suscitant un intérêt croissant parmi les collectionneurs du monde entier, à l’instar d’autres marques françaises prestigieuses comme Facel Vega ou Delage.
| Caractéristique | Détail |
|---|---|
| Moteur | V6 Maserati 2 670 cm³, 170 ch (carb.) puis 178 ch (injection électronique) |
| Suspension | Hydropneumatique avec correcteur d’assiette automatique |
| Direction | DIRAVI : assistance variable selon la vitesse, irréversible |
| Carrosserie | Design aérodynamique Cx : 0,339, six projecteurs carénés |
| Vitesse maximale | 220 km/h |
| Poids | 1 450 kg |

Technologies innovantes de la Citroën SM : une révolution technique pour son époque
La Citroën SM incarne une prouesse technique en mêlant des innovations jamais rencontrées auparavant dans une voiture de série. La suspension hydropneumatique, héritage de la DS, est un parfait exemple de cette volonté d’avant-garde. Cette technologie permet non seulement une tenue de route exceptionnelle grâce à un correcteur d’assiette automatique, mais aussi un confort très élevé, même sur routes dégradées.
L’ingénieur Paul Magès, créateur de cette suspension, a poussé le génie technique encore plus loin avec la direction DIRAVI – Direction à Rappel Asservi à la Vitesse. Ce système hydraulique est d’une rare sophistication : il offre une assistance constante, adaptée en fonction de la vitesse, et garantit une tenue de cap impeccable, sans les retours parasites si fréquents dans les directions classiques. Son irréversibilité hydraulique, qui bloque la crémaillère quand le volant est immobile, confère au conducteur la sensation de rouler sur des rails, la direction restant stable malgré les irrégularités du terrain.
L’éclairage de la SM fut une autre innovation majeure, avec la présence de six projecteurs dissimulés sous un carénage vitré. Deux d’entre eux étaient directionnels, pivotant avec le volant pour améliorer la visibilité dans les virages, technologie rare à cette époque. Cet équipement contribua aussi au remarquable coefficient aérodynamique, un facteur clé des performances et de la consommation de la voiture.
Dans sa version 1973, la SM évolua en accueillant l’injection électronique Bosch D-Jetronic. Un progrès majeur pour la fiabilité et la souplesse moteur, qui augmenta également la puissance du V6 à 178 chevaux. Ce système simplifia l’entretien et réduisit la consommation, toujours un défi pour une mécanique aussi sophistiquée.
Le freinage assisté haute pression, équipé de quatre disques, fut une nouveauté chez Citroën. Les disques « inboard » (montés en sortie de boîte) diminuaient les masses non suspendues, améliorant la tenue de route mais complexifiant la maintenance. Quant aux roues, outre les classiques tôles embouties, des jantes en composite très légères étaient proposées en option, un précurseur dans le secteur.
| Innovation | Description | Avantage |
|---|---|---|
| Suspension hydropneumatique | Amortissement variable et correcteur d’assiette automatique | Confort optimal, tenue de route exemplaire |
| Direction DIRAVI | Assistance hydraulique avec rappel en ligne droite variable selon vitesse | Stabilité et sécurité accrues, sensation de conduite unique |
| Éclairage 6 projecteurs | Deux projecteurs directionnels pivotant avec le volant | Visibilité améliorée en virage, esthétique futuriste |
| Injection électronique Bosch D-Jetronic | Contrôle électronique de l’alimentation carburant | Puissance accrue, consommation réduite, meilleure fiabilité |
| Freinage à 4 disques inboard | Disques placés en sortie de boîte pour réduire masses non suspendues | Tenue de route améliorée, freinage performant |
Cette sophistication plaçait la SM loin devant beaucoup de ses concurrentes, y compris parmi les marques françaises contemporaines telles que DS Automobiles plus tardives, ou des modèles d’exception comme les productions Alpine. Si le moteur Maserati restait un point faible en termes d’entretien, le reste de la technique faisait preuve d’une robustesse et d’une ingéniosité remarquables.
Design et esthétique : l’avant-gardisme à la française en mouvement
Le style de la Citroën SM illustre à merveille l’esprit d’innovation et de recherche d’excellence des années 1970. Robert Opron, futur designer emblématique de Renault, et Jean Giret dessinèrent une carrosserie à la fois élégante et aérodynamique, parfaitement en phase avec les aspirations du luxe à la française. Ce coupé longiligne, avec ses lignes tendues et ses surfaces lisses, dégage une impression de puissance contenue, prête à jaillir.
La face avant, caractérisée par un capot très bas coiffé d’un vitrage intégral transparent, est une signature distinctive. Les six projecteurs intégrés derrière ce carénage vitré donnent une allure particulièrement moderne, tout en améliorant la performance aérodynamique, reflet du travail méticuleux des ingénieurs. Ces éléments sont cohérents avec le sens esthétique propre aux productions françaises qui allient fonction et forme, à l’instar des voitures de prestige chez Bugatti ou des classiques Talbot-Lago.
Au-delà du look, les fonctionnalités étaient bien pensées. La SM présente une silhouette fastback, combinant des éléments hatchback pour profiter du hayon et d’un grand volume de coffre, bien que les places arrière soient un peu réduites sans sièges repliables. Elle proposait 19 teintes différentes, mêlant métallisés et opaques, avec certaines combinaisons bicolores, attestant de la volonté d’offrir de la personnalisation – un luxe rare à son époque.
Des versions rares et personnalisées ont vu le jour, notamment grâce au carrossier Henri Chapron. Ce dernier imagina des variantes comme le cabriolet Mylord ou le berline Opéra rallongée. Cet univers d’exclusivité souligne la désirabilité de la SM au sein d’un cercle restreint d’amateurs éclairés, souvent issus de la haute société et des milieux politiques, comme en témoigne l’usage présidentiel décidé par Georges Pompidou.
| Élément de design | Description | Impact |
|---|---|---|
| Avant effilé et carénage vitré | Six projecteurs intégrés, deux directionnels | Esthétique futuriste, aérodynamisme renforcé |
| Silhouette fastback/hatchback | Hayon arrière avec coffre spacieux | Praticité et élégance des proportions |
| Cockpit épuré | Volant et cadrans ovoïdes | Confort visuel, ambiance luxueuse |
| Personnalisation des couleurs | 19 teintes disponibles, options bicolores | Exclusivité, individualisation |
| Versions Chapron | Mylord cabriolet, Opéra berline rallongée | Rareté et valeur ajoutée pour collectionneurs |
Ensemble, ces choix picturaux et techniques démontrent à quel point la SM transcende son époque, rivalisant avec les productions de légende et valorisant l’héritage industriel français dans le secteur automobile luxe, souvent confronté à la concurrence acharnée de constructeurs comme Peugeot ou Renault.
Performances et défis mécaniques : un moteur Maserati au cœur de la légende
Le moteur V6 Maserati demeure l’âme et parfois la faiblesse de la Citroën SM. Issu d’une adaptation inédite d’un V8 Maserati Indy, ce moteur fut conçu spécifiquement pour la SM avec une cylindrée de 2 670 cm³, puis un agrandissement à 3 litres sur certains modèles avec injection électronique et boîte automatique. Avec une puissance culminant à 178 chevaux, cette mécanique exceptionnelle offrait un équilibre parfait entre agrément de conduite et sportivité.
Sa disposition longitudinale en position centrale permettait une répartition des masses idéale, favorisant la tenue de route. L’association avec une boîte manuelle à 5 rapports ou automatique BorgWarner garantissait une conduite fluide et dynamique. De plus, la suspension hydropneumatique ajustait automatiquement l’assiette pour un comportement toujours optimal.
Malgré toutes ces qualités, la complexité du moteur et ses besoins d’entretien particulier ont entaché sa réputation. La chaîne de distribution, notamment, représentait un point d’usure critique. Les contraintes techniques inhérentes à une mécanique italienne de haute performance exigeaient un savoir-faire et une technicité que peu de garages français possédaient à l’époque, en particulier dans le réseau Citroën, encore peu habitué aux spécificités Maserati.
Ce manque de fiabilité a coûté cher à la SM, freinant son évolution commerciale face à des marques plus accessibles et robustes. Même si la consommation, située autour de 15 L/100 km à haute vitesse, restait raisonnable par rapport aux standards de la catégorie, les coûts de maintenance et la fragilité mécanique dissuadèrent nombre d’acheteurs potentiels. En réponse, certains passionnés remplacèrent les V6 d’origine par des moteurs plus courants, comme ceux des DS ou CX diesel, voire développèrent des versions turbo-diesel plus modernes.
Il est intéressant de comparer l’impact de cette mécanique italienne avec les tendances actuelles vers l’électrification et les moteurs plus fiables, comme la miniaturisation optimisée du moteur thermique détaillée ici. La SM, avec sa complexité, apparaît aujourd’hui comme une oeuvre d’art mécanique hors normes et une référence de l’ingénierie automobile qui approche la perfection technique, mais à un coût élevé.
| Version moteur | Cylindrée | Puissance | Boîte | Consommation moyenne |
|---|---|---|---|---|
| Carburateurs | 2 670 cm³ | 170 ch DIN | Manuelle 5 rapports | Environ 15 L/100 km |
| Injection électronique Bosch D-Jetronic | 2 670 cm³ | 178 ch DIN | Manuelle 5 rapports | Consommation légèrement réduite |
| Injection + boîte automatique | 2 965 cm³ | 180 ch DIN | Automatique 3 rapports | Plus élevée que manuelle |
En définitive, la SM marque un épisode de l’histoire automobile où l’ambition technique a pleinement embrassé l’esprit du luxe, même si elle fût confrontée à des aléas structurels. Avec un entretien méticuleux et une attention experte, cette voiture grand tourisme française continue de marquer les esprits, bien au-delà de sa courte période de production (1970-1975).
Valeur et héritage de la Citroën SM dans le marché des voitures de collection
Aujourd’hui, la Citroën SM a su s’imposer comme une référence incontournable pour les passionnés de voitures anciennes et de luxe à la française. Son originalité technique, son style inoubliable et son caractère avant-gardiste lui permettent d’atteindre des prix de vente élevées aux enchères, certains exemplaires rares étant estimés à plus de 600 000 €.
La cote de la SM démontre ainsi une progression certaine. Par exemple, des ventes chez Artcurial à Rétromobile ont révélé des transactions allant de 23 000 € à plus de 113 000 € selon les années et l’état du véhicule. Ces écarts illustrent la diversité des modèles, des finitions et des restaurations, mais aussi la montée du marché des voitures de sport anciennes, dont la SM fait partie avec des disciples telles que l’Alpine au caractère sportif affirmé.
La rareté et la singularité de la SM en font une pièce de choix pour collectionneurs exigeants. Plusieurs versions carrossées par Henri Chapron, notamment la SM Mylord ou SM Opéra, sont extrêmement prisées, tandis que les voitures présidentielles commandées par Georges Pompidou restent des modèles uniques au patrimoine exceptionnel.
Sur le plan culturel, la SM a marqué son époque et continue d’apparaître dans des œuvres cinématographiques ou publicitaires, renforçant sa légende. La valorisation de ces voitures passe aussi par un réseau d’experts et clubs dédiés, qui aujourd’hui encore s’activent pour assurer la pérennité de cet héritage technique et esthétique.
L’existence d’ateliers spécialisés comme SM2A illustre cette dynamique. Ils proposent la restauration et la modernisation de SM tout en conservant les lignes et le caractère originaux, répondant aux exigences actuelles en termes de sécurité et fiabilité. Cependant, ces services sont rares et onéreux, à l’image de la grande exclusivité que représente la SM dans le parc des voitures anciennes.
| Année | Prix moyen de vente (€) | Évènement notable |
|---|---|---|
| 2016 | ± 14 500 / 8 500 | Ventes aux enchères Artcurial |
| 2018 | 113 240 | Rétromobile Paris |
| 2022 | 47 680 | Rétromobile Paris |
| 2023 | 85 824 | Rétromobile Paris |
La trajectoire commerciale de la SM illustre les aléas du marché automobile de prestige français, parfois battu en brèche par la complexité technique et l’émergence de concurrents plus stables, à l’image de la montée en puissance de Peugeot et la montée d’innovations chez Renault. Néanmoins, la SM conserve son aura, confortée par son statut d’objet de collection et son rang parmi les GT de légende.
Quelles sont les principales innovations techniques de la Citroën SM ?
La SM est équipée d’une suspension hydropneumatique avec correcteur d’assiette automatique, d’une direction assistée DIRAVI à rappel asservi à la vitesse, et d’un éclairage à six projecteurs dont deux directionnels. Elle a introduit également l’injection électronique Bosch D-Jetronic en 1973.
Pourquoi la maintenance du moteur Maserati est-elle réputée difficile ?
Le moteur V6 Maserati est complexe, avec une chaîne de distribution centrale sollicitée pour plusieurs accessoires, nécessitant des révisions spécifiques. De plus, les garages traditionnels français de l’époque étaient peu préparés à ces mécaniques italiennes très techniques.
Combien de Citroën SM ont été produites ?
Entre 1970 et 1975, environ 12 920 exemplaires de la Citroën SM ont été assemblés.
Quelles sont les versions spéciales réalisées sur la base de la SM ?
Le carrossier Henri Chapron a créé des variantes comme la SM Mylord cabriolet, la SM Opéra berline rallongée, et des modèles présidentiels destinés à Georges Pompidou. Ces modèles sont très rares et recherchés.
Quelle était la vitesse maximale de la Citroën SM ?
La SM atteignait une vitesse maximale d’environ 220 km/h, remarquable pour une voiture française de son époque.