Moins connu sous son code moteur et plus connu sous le nom de V10 de la Lexus LFA, nous parlerons dans ce guide tout ce que vous pourriez avoir besoin de savoir sur le 1LR-GUE.
Avec des modèles comme la Toyota Supra, l’AE86 et l’emblématique moteur 2JZ, il est clair que Toyota a perdu ses racines quelque part en cours de route, et que ses voitures qui détruisent leur image, comme la Prius, ont pris le devant de la scène. Lexus quant à elle a continué à maintenir sa réputation, en s’en tenant principalement aux voitures sportives de luxe à gros moteurs que nous avons appris à connaître et à aimer au fil des ans.
Toyota perd de son prestige
Alors que nous avions presque perdu tout espoir de voir quelque chose d’unique naître dans le camp Toyota, et que la presse commençait à ridiculiser les légendes japonaises, il était temps de changer. Une sombre époque pour le constructeur à l’origine de la légendaire Supra MK4…
Jeremy Clarkson ayant déclaré publiquement que Toyota était devenu le « bibliothécaire » de l’industrie automobile, il était temps de mettre de côté les voitures ennuyeuses, pratiques et ternes pour faire place à quelque chose de totalement dingue. Alors que les gens bavaient sur la Porsche Carrera GT, affirmant que c’était la voiture la plus appréciée de la planète, Toyota, et Lexus, avaient un tour dans leur sac.
Il était temps pour Lexus de franchir la ligne vers le territoire des supercars et ce grâce au tout-puissant 1LR-GUE.
La naissance de la Lexus LFA
Conçue au début des années 2000, puis apparue sous forme de concept avant le début de la production en 2010, Lexus a opté pour une production limitée à seulement 500 LFA avant de mettre fin à ses plans peu après, en 2012.
Avec son prix de base d’environ 375.000 €, il peut sembler ridicule que la LFA ait coûté près du double de certains de ses rivaux les plus probables, comme l’Audi R8 V10, qui a fait ses preuves.
Mais, avec seulement 500 modèles disponibles, il incombait à Toyota de sélectionner personnellement les heureux propriétaires parmi leur liste de précommande incroyablement longue. Malgré cela, Toyota a perdu de l’argent avec chaque modèle vendu. L’ensemble incroyable de la voiture a balayé tout ce que l’on avait pu attendre de Toyota, et notamment de Lexus, en annonçant sur le marché le V10 atmosphérique de 4,8 litres, capable d’atteindre 552 ch et un couple de 354 lb/pi.
Même si vous vous dites peut-être : « Ces chiffres de puissance ne paraissent pas si impressionnants que cela au regard des performances des supercars modernes…« . Sur le papier, nous sommes d’accord. Cependant, les subtils détails et les touches typiquement japonaises ont rendu la LFA et le 1LR-GUE quelque peu révolutionnaires.
Une collaboration entre Toyota et Yamaha
Lexus a choisi de construire la LFA entièrement à partir de zéro, ce qui inclut un tableau de bord, une transmission, un intérieur, un groupe de jauges et, bien sûr, un moteur entièrement nouveaux. Toyota voulait se faire remarquer en rendant ce moteur aussi compact et léger que le permettait l’ingénierie moderne.
Pour y parvenir, ils ont opté pour la création d’un moteur V10 dont le poids rivalise avec celui de V6 similaires, combiné à une taille comparable à celle d’un V8 moderne. Et qui de mieux que Yamaha pour s’engager dans ce projet audacieux ?
Connus pour leurs incroyables moteurs de motos légers à haut régime, ils semblaient être le duo parfait pour créer des ondes de choc dans le monde de l’automobile. La réponse à l’accélérateur était l’un de leurs principaux objectifs avec le 1LR-GUE, ce qui les a sans aucun doute encouragés à éviter la voie de l’induction forcée en éliminant tout ce qui pouvait provoquer un décalage inutile.
Des performances incroyables
Quel est donc le résultat de l’association de l’un des constructeurs automobiles les plus réputés au monde et de l’un des plus grands créateurs de moteurs de motos ? Que diriez-vous d’un V10 qui passe de l’arrêt au rupteur en seulement 0,6 seconde ? Et non, nous ne plaisantons pas : il atteint la ligne rouge en six dixièmes de seconde ! De plus, elle se trouve à 9000 rpm.
Si vous pensez que cela défie presque la science, vous ne seriez pas loin de vous tromper. Il a permis à Lexus de battre le record du monde de la voiture de série la plus rapide au moment de sa sortie en 2012. L’aiguille se déplaçait si rapidement dans la plage de régime que Toyota ne pouvait pas installer de l’analogique dans le tableau de bord, car l’aiguille n’était pas capable de se déplacer assez vite.
Outre les temps de montée en régime insensés, le moteur 1LR-GUE de la LFA lui permet de passer de 0 à 100 km/h en seulement 3,6 secondes. Si cela n’était pas assez impressionnant, Yamaha avait encore plus à apporter au projet.
Un son délicat
Au fil des ans, vous avez probablement remarqué le logo Yamaha sur des instruments de musique. Et non, ce n’est pas une coïncidence. Outre la conception de moteurs de motos, ils sont également très réputés dans le monde des instruments de musique. Grâce à leur expertise acoustique, le 1LR-GUE est devenu l’un des moteurs les plus incroyables jamais produits.
Dans cette courte vidéo, découvrez le bruit exceptionnel de ce moteur et voyez le compteur digital s’affoler au moindre contact avec l’accélérateur :
Les ingénieurs décrivent le bruit comme « le rugissement d’un ange« . Une description approprié au vu du son de cette mécanique poussée. En plus d’être l’un des plus grand V10, le 1LR-GUE est considéré comme le moteur ayant le son le plus incroyable de tous les temps, en particulier pour une voiture de route.
Qu’est-ce qui différencie le moteur 1LR-GUE de ses rivaux ?
Le 1LR-GUE n’était pas simplement un autre moteur V10 produit en série comme celui de l’Audi R8. C’était l’une des incroyables prouesses d’ingénierie du monde automobile de ces dernières années.
Toyota a abordé le projet avec une mentalité « sans argent ni objet« , en développant de toutes nouvelles technologies, de nouveaux processus et en utilisant des matériaux uniques pour cette voiture de tous les jours homologuée pour la route. Lexus a inscrit son nom dans les livres d’histoire à bien des égards avec la LFA, mais c’est le moteur qui l’a vraiment distinguée des autres.
Bien que les 552 ch et le couple de 354 lb/pi et un 0-100 de 3,7 secondes avant d’atteindre finalement 325 km/h ne soient pas suffisants pour contrarier certaines voitures de sports surpuissantes, il faut savoir que ce n’était pas le but ici. Toyota et Yamaha voulaient un moteur atmosphérique à la sonorité et au régime incroyables, avec le poids et les dimensions les plus faibles possibles. La réactivité était la clé, et la ligne rouge folle de 0,6 seconde l’a prouvé.
Bien que les faits sur le papier ne soient pas très impressionnants, ils ont réalisé un tour de piste de 7 minutes et 14 secondes sur le Nurburgring. Ce temps a établi le nouveau record pour une voiture équipée de pneus non compétitifs et, sans surprise, la Lexus la plus rapide jamais construite.
Pourquoi le 1LR-GUE est-il si incroyable ?
Le moteur a reçu une forte dose de technologie de sport automobile, offrant une configuration incroyablement complexe composée de certains des alliages de titane et de magnésium les plus impressionnants, contribuant à un gain de poids de 40 % par rapport à un équivalent en fer. Avec des tiges et des soupapes en titane, ainsi que des culbuteurs ultralégers spécialement conçus, ils ont aidé le moteur à atteindre son incroyable régime de 9 000 tr/min en 0,6 seconde avec un taux de compression de 12,0:1.
La configuration typique à 90 degrés que nous avons l’habitude de voir sur les V10 a été remplacée par une disposition à 72 degrés, ce qui a permis d’améliorer l’équilibre de l’ensemble rotatif et de le délester d’un poids supplémentaire tout en assurant un fonctionnement aussi fluide que possible. En termes de taille, ce V10 est plus petit que la gamme de V8 de Lexus, avec un poids final qui peut rivaliser avec un V6 conventionnel sur la balance.
Une répartition des masses parfaite
Le 4,8 litres à double VVTi est équipé de dix corps de papillon à commande indépendante et d’un système de carter sec, que l’on ne trouve généralement que sur les voitures de course. Bien que cela ne semble pas être un gros problème, avec de nombreuses voitures de drift optant pour des réglages à carter sec de nos jours, cela leur a permis de déplacer le moteur plus bas, abaissant ainsi le centre de gravité de la LFA et permettant des forces G supplémentaires dans les virages, qui étaient de plus de 2G.
Le moteur est placé loin à l’arrière du châssis, ce qui donne une disposition avant-milieu et une répartition des masses avant/arrière de 48/52. La répartition du poids a été encore améliorée par l’emplacement de la boîte de vitesses à six rapports à embrayage unique, qui se trouve en position basse, près des roues arrière. Les radiateurs jumelés sont également situés à l’arrière de la voiture.
La boite de vitesse et la carosserie de la LFA
La boîte de vitesses à six rapports ASG (séquentielle automatisée) est dotée d’un actionneur de changement de vitesse de conception nouvelle qui améliore les sensations de changement de vitesse. Il y a quatre modes de changement de vitesse sélectionnables, avec un sélecteur de vitesse à sept niveaux, offrant des vitesses de passage à la vitesse supérieure incroyablement rapides de 0,2 seconde. Son système à simple embrayage a été accueilli avec des sentiments mitigés au moment de sa sortie, car la plupart de ses rivaux ont opté pour un système à double embrayage lorsque la LFA est arrivée sur le marché.
En ce qui concerne la carrosserie, ils ont une fois de plus utilisé leurs ressources de pointe en matière de voitures de course pour créer un habitacle en composite plastique renforcé de fibres de carbone, ce qui a permis de gagner plus de 100 kg par rapport aux méthodes habituelles en aluminium. Une fois de plus, la répartition globale du poids de la LFA s’en trouve améliorée.
Pourquoi le moteur 1LR-GUE fait-il un si bon son ?
Bien que tout le monde ne soit pas impressionné par les chiffres que la LFA affiche sur le papier, nous sommes pratiquement sûrs que tous les êtres humains s’accordent à dire que la 1LR-GUE fait partie des moteurs les plus sonores de tous les temps.
Contrairement à certains V10, le 1LR-GUE n’émet pas seulement une sonorité incroyable dans les hauts régimes, mais aussi sur toute la gamme. Le son est un autre rappel de la raison pour laquelle Toyota/Lexus et Yamaha étaient parfaitement adaptés à ce projet. Yamaha a non seulement apporté ses connaissances en matière de performances, mais aussi ses compétences en matière d’acoustique.
De manière impressionnante, Yamaha a affiné la note du moteur de la LFA de la même manière qu’elle le ferait pour une guitare Ovation, ce qui a inspiré la conception unique des « nervures » du collecteur d’entrée pour obtenir un son parfait. Il est doté de deux prises d’air distinctes, ce qui permet d’obtenir deux niveaux sonores différents dans la cloison pare-feu.
Des collecteurs de longueur égale et un double système d’échappement acheminé par un silencieux principal en titane à plusieurs étages contribuent à l’harmonie ultime.
Une harmonie auditive couteuse
Pour mettre les matériaux de la LFA en perspective, le silencieux en titane vous coûtera à lui seul plus que le prix d’une Toyota Corolla neuve. Vous n’aurez certainement pas besoin d’envisager un échappement de rechange si vous avez la chance de mettre la main sur une LFA !
Au-dessus de 3 000 tr/min, la LFA contourne toutes les chambres d’atténuation du son, redressant la voie de sortie et permettant au 1LR-GUE de hurler à la vie. Les dix corps de papillon individuels produisent un son d’induction intense, tandis que les sons d’échappement se joignent à la fête, créant la note enivrante que nous connaissons et aimons.
Lexus voulait offrir à ses propriétaires l’expérience acoustique ultime, et a donc forcé les sons d’induction et d’échappement à pénétrer dans l’habitacle via trois canaux individuels, ce qui a permis d’offrir des sièges aux premières loges du meilleur orchestre du monde.
L’avenir du 1LR-GUE ?
En 2016, le propriétaire de Lexus Europe, Alain Uyttenhoven, a déclaré publiquement qu’il n’y avait aucun projet dans le viseur pour construire une autre supercar. Nous ne pouvons pas dire que nous sommes extrêmement surpris, car Lexus a coché les cases nécessaires avec la LFA, et nous ne pouvons qu’imaginer qu’ils ont pris une perte financière assez importante en essayant de prouver leur point de vue au monde automobile, aussi.
Il semble que la conclusion la plus probable de cette séance d’essais déroutante soit qu’ils testaient des éléments spécifiques pour l’hypercar Toyota GR Super Sport, ou peut-être quelque chose du genre des améliorations apportées à la LC F. Même si nous serions ravis de voir un successeur à la Lexus LFA ou même un autre V10 Lexus, nous avons le regret de vous dire que si cela se produit un jour, ce ne sera certainement pas de sitôt.
Fiche technique
| Code moteur | 1LR-GUE |
| Année de production | 2010 – 2012 |
| Cylindrée | 4805cc (4.8L) |
| Poids | 200 KG |
| Compression | 12,0 : 1 |
| Alésage | 86mm |
| Max RPM | 9000 tr/min |
| Matériau du bloc | Aluminium |
| Matériau de la culasse | Aluminium |
| Tiges | Titanes |
| Distribution | DACT avec 4 soupapes/cylindre |
| Puissance max. | 553 CH à 8700 tr/min |
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