La métamorphose radicale de la Renault 5 en bolide au moteur central
Dans l’univers feutré des citadines françaises des années 70, la Renault 5 était une voiture humble, typiquement destinée aux trajets urbains et familiaux. Pourtant, derrière cette façade tranquille, un projet d’exception prenait forme chez Renault Sport. La Renault 5 Turbo a bousculé tous les codes en adoptant une architecture inattendue : celle d’un moteur en position centrale arrière.
Cette transformation était tout sauf anodine. À l’époque, basculer d’une simple traction avant à une propulsion avec moteur central représentait une révolution technique, d’autant plus avec un moteur turbo compressé. Cette configuration, inspirée des voitures de compétition, conférait à la R5 Turbo un comportement dynamique inédit pour une voiture dérivée d’une citadine.
Le moteur 1.4 turbo, capable de délivrer jusque 160 chevaux, était logé derrière les sièges avant. Cette implantation assurait une répartition optimale des masses, permettant à la voiture de ne peser qu’environ 970 kg. Le résultat était spectaculaire : un rapport poids/puissance impressionnant qui alignait la R5 Turbo avec des voitures beaucoup plus prestigieuses et onéreuses.
Cette architecture n’était pas chose courante dans la production automobile de série à ce moment-là, surtout sur un modèle ayant pour base une gamme populaire. Elle ouvrait la voie à une nouvelle génération de sportives françaises. C’est en cela que la R5 Turbo témoigne d’une audace mécanique digne des grands noms tels que l’Audi Quattro ou la Peugeot 205 T16, qui ont marqué le rallye dans la même période.
Les ingénieurs de Renault ont dû repenser intégralement la structure et la carrosserie pour accueillir cet ensemble mécanique inhabituel. Le châssis a été renforcé, le train arrière élargi, tandis que les ailes se sont déployées en un costume élargi et agressif, laissant apparaître les larges prises d’air indispensables au refroidissement du bloc turbo. Ce changement radical a donné naissance à une silhouette musclée, presque difforme à côté de la R5 classique, mais parfaitement adaptée à sa nouvelle vocation sportive.
À ce titre, la collaboration avec le designer Marc Deschamps chez Bertone fut décisive pour créer ce coup de poing visuel qui ne laissait personne indifférent. La R5 Turbo ne ressemblait plus à une simple citadine, elle était devenue un véritable ovni mécanique prête à rugir sur les routes comme en rallye.

Au-delà de la mécanique et du design, cette transformation a marqué un tournant dans la façon dont Renault abordait les voitures de sport, en mêlant le pragmatisme d’une compacte avec la radicalité d’une sportive pur jus.
| Caractéristique | Renault 5 Turbo | Renault 5 classique |
|---|---|---|
| Position du moteur | Central arrière | Avant, traction |
| Puissance maximale | 160 ch | 45-70 ch selon versions |
| Poids | 970 kg | 860 – 900 kg |
| Type de transmission | Propulsion | Traction avant |
| Type de carrosserie | Deux places, ailes élargies | Quatre places, compacte classique |
Une expérience de conduite musclée, réservée aux passionnés aguerris
La Renault 5 Turbo ne se contente pas d’un positionnement technique inédit : sa conduite est une expérience à part entière. Ce bolide à moteur turbo ne pardonne rien aux âmes sensibles. Dès que le turbo entre en action aux alentours de 3500 tours par minute, le souffle du compresseur offre une montée en puissance explosive.
Les accélérations sont violentes, presque fauves, ce qui provoque chez le conducteur une montée d’adrénaline mémorable. Cette brusquerie typique des moteurs turbo des années 80 se traduit par un coup de pied au derrière à chaque montée en régime. Pourtant, la légèreté de la voiture alliée à sa propulsion peut provoquer une tendance au survirage, voire à la perte d’adhérence de l’arrière, surtout sur surfaces glissantes ou en manoeuvre brutale.
Cela rend la R5 Turbo aussi exigeante qu’exaltante. Contrairement aux modèles plus modernes dotés d’aides électroniques à la conduite, la R5 Turbo s’adresse avant tout aux pilotes chevronnés, parfaitement aptes à dompter un tempérament sauvage sans filet. Cette radicalité la rapproche d’ailleurs de la Renault Clio Williams ou encore de la légendaire Alpine A110, connues pour leur caractère incisif.
La disproportion des ailes, la hauteur de caisse abaissée, et la direction précise mais ferme rajoutent à cette sensation d’une machine affûtée pour la compétition. Chaque virage devient un duel, où la moindre erreur se paie au prix fort. C’est une voiture à conduire avec la tête autant qu’avec les tripes, qui offre une connexion unique entre le conducteur et la route.
Sur route ouverte comme en sport automobile, elle trouve des échos dans des modèles contemporains à son époque tels que la Porsche 911 Turbo, qui partageait cette philosophie du couple tordu et puissant délivré par une configuration moteur turbo caractéristique.
Il n’est pas anodin que la Renault 5 Turbo ait beaucoup marqué les esprits lors des compétitions, notamment dans le championnat du monde des rallyes, où elle s’est imposée comme une référence de son époque, avant d’être dépassée par la montée en puissance des 4 roues motrices avec la Quattro d’Audi ou plus récemment la Lancia Delta S4.
| Aspect | Effet sur la conduite | Comparaison avec autres modèles |
|---|---|---|
| Turbo à 3500 tr/min | Accélération brutale, montée en puissance forte | Porsche 911 Turbo, Peugeot 205 T16 |
| Moteur central arrière | Meilleure répartition du poids, tendance au survirage | Alpine A110, Clio V6 |
| Direction ferme | Pilotage exigeant, très précis | Renault Clio Williams, BMW M3 des années 80 |
Le style agressif et inoubliable d’une citadine devenue brute de compétition
Il suffit d’apercevoir une Renault 5 Turbo pour comprendre que cette voiture ne joue pas dans la même cour que sa grande sœur classique. Les lignes générales de la Renault 5 sont respectées de loin, mais les détails explosent en agressivité.
Les ailes sont spectaculairement élargies, donnant à la ligne un aspect trapu et tendu. Ces appendices abritent de larges prises d’air fonctionnelles destinées à alimenter en air frais le moteur placé en position centrale. Le profil général devient celui d’une voiture prête à bondir.
À l’arrière, la prise d’air latérale, souvent comparée à celle des modèles de rallye, accentue le caractère sportif. L’habitacle intime, strictement deux places, se caractérise par un intérieur à la fois spartiate et fonctionnel, avec des sièges baquets, un volant trois branches et une instrumentation Jaeger typique des années 80. Hormis quelques touches colorées (notamment des inserts bleu ou rouge selon la version), tout est orienté vers la performance et la concentration.
Cette esthétique unique lui vaut une reconnaissance immédiate sur la route, où sa silhouette musclée ne passe jamais inaperçue. Même en 2025, la Renault 5 Turbo demeure un modèle reconnaissable au premier regard, symbole d’une époque où le design sportif osait encore le « brutaliste ».
Ce look n’est pas seulement une affaire d’apparence. Il témoigne de la fonction première de la voiture : la performance et la compétition. Cette philosophie peut aussi faire penser à la Peugeot RCZ, qui, bien que plus récente, partage un souci particulier pour une silhouette affirmée, loin du consensuel.
| Élément stylistique | Description | Fonction |
|---|---|---|
| Ailes élargies | Très proéminentes, soulignent la largeur de la voiture | Loger les grandes roues et améliorer la stabilité à haute vitesse |
| Prises d’air latérales | Larges, béantes | Refroidissement moteur central turbo |
| Intérieur deux places | Spartiate avec sièges baquets, instrumentation Jaeger | Concentration sur la conduite sans superflu |
| Silhouette générale | Trapue, musclée, agressive | Adhérence visuelle à la dynamique de la voiture |
Le palmarès rugissant de la Renault 5 Turbo en compétition rallye
La Renault 5 Turbo n’est pas seulement une machine fascinante sur le papier et sur route. Sa vocation première était la compétition automobile, notamment en rallye, un terrain où elle s’est hissée rapidement au rang d’icône.
Le secret de son succès résidait dans sa conception : un moteur puissant en position centrale pour une propulsion nerveuse, associée à une suspension et un châssis adaptés pour encaisser les contraintes des routes sinueuses et rapides. Cela permit à des pilotes tels que Jean Ragnotti de briller notamment lors du rallye de Monte-Carlo 1981, démontrant la capacité de cette petite « bombe » française à rivaliser avec des mastodontes de la discipline.
Pourtant, malgré ses performances, la R5 Turbo fut rapidement confrontée à la montée en puissance de la catégorie Groupe B, où les quatre roues motrices devenaient la norme. L’arrivée de la Audi Quattro ou encore de la Peugeot 205 T16, dotées de transmissions intégrales, offrait un avantage certain sur divers terrains, reléguant la R5 à un rôle plus modeste.
Toutefois, son empreinte dans l’histoire du rallye reste indélébile, représentant l’audace d’un constructeur généraliste ayant osé défier l’ordre établi. Sur les spéciales, la R5 Turbo était aussi rapide que nerveuse, soulevant l’enthousiasme par son style et ses performances.
Cette période a également vu la prolifération de versions évoluées, telles que la Turbo 1 et la Turbo 2, chacune affinant ses réglages et son caractère, tout en conservant son ADN sauvage. En compétition, cette voiture se distingue par sa capacité à offrir une expérience de pilotage inoubliable malgré la technicité utilisée par ses rivaux.
| Événement | Pilote | Année | Résultat | Impact |
|---|---|---|---|---|
| Rallye Monte-Carlo | Jean Ragnotti | 1981 | Victoire | Premier grand succès international, reconnaissance mondiale |
| Début du Groupe B | Constructeurs divers | 1984-1986 | Montée en puissance des 4×4 | Fin progressive de la domination des propulsions comme la R5 Turbo |
| Évolution Turbo 2 | Renault Sport | 1983 | Optimisation du confort et de la fiabilité | Introduction d’une version plus accessible aux amateurs |
La R5 Turbo demeure un exemple d’un constructeur français ayant fait preuve d’une créativité et d’un savoir-faire technique exceptionnels face à des marques plus spécialisées dans le sport automobile comme Alpine ou Porsche 911 Turbo.
De la Turbo 1 à la Turbo 2 et son statut iconique en 2025
La vie industrielle de la Renault 5 Turbo s’est déroulée en deux grandes phases, chacune reflétant un état d’esprit spécifique. La première version, apparue en 1980 sous le nom de « Turbo 1 », était une véritable déclaration de guerre aux standards. Avec sa coque en aluminium et son intérieur au strict minimum, elle incarnait la pure machine de course hors normes, destinée aux puristes et aux compétiteurs.
Un an après, en 1983, Renault lance la « Turbo 2 », modèle plus civilisé mais non moins redoutable. Adieu la carrosserie tout aluminium, la Turbo 2 adopte une carrosserie avec des éléments en acier, gagne légèrement en poids, mais se dote d’une finition plus soignée et d’un intérieur un peu plus confortable. Elle s’adresse davantage aux passionnés désirant une sportive radicale mais utilisable au quotidien.
Au total, environ 5000 exemplaires auront été assemblés, un chiffre relativement bas qui contribue aujourd’hui à la rareté et à la valeur de ce véhicule multifacettes. En 2025, les modèles Turbo 1 bien conservés se négocient facilement au-delà des 100 000 euros, devenant des pièces très recherchées par les collectionneurs et connaisseurs.
Sa légende ne s’est pas estompée avec le temps. On la croise régulièrement lors de rassemblements de youngtimers, événement où l’engouement pour les sportives des années 80 renaît intensément. Son influence peut même être sentie dans des évolutions modernes comme la Renault Mégane RS qui continue d’incarner l’esprit des compactes sportives françaises, bien que désormais avec une philosophie plus policée.
Enfin, le succès de la R5 Turbo sur les circuits historiques et dans les collections privées souligne son impact durable. La petite bombinette sauvage, toujours aussi brutale, continue de faire palpiter les passionnés qui reconnaissent derrière sa silhouette compacte un concentré d’histoire automobile et d’ingéniosité française.
| Version | Années de production | Caractéristiques principales | Usage ciblé | Prix actuel (approximatif) |
|---|---|---|---|---|
| Turbo 1 | 1980-1982 | Châssis aluminium, radicale, légère, 160 ch | Compétition, puristes | +100 000 € |
| Turbo 2 | 1983-1986 | Carrosserie acier, finition améliorée, confort accru | Passionnés sportifs, daily use | 60 000 € à 90 000 € |
Quelle est la puissance du moteur de la Renault 5 Turbo ?
La Renault 5 Turbo est équipée d’un moteur 1.4 turbo développant environ 160 chevaux selon la version.
Pourquoi la R5 Turbo a-t-elle un moteur en position centrale arrière ?
Cette configuration permet une meilleure répartition des masses et un comportement dynamique plus sportif, inspiré des voitures de compétition.
Quelle est la différence principale entre la Turbo 1 et la Turbo 2 ?
La Turbo 1 est plus radicale avec une carrosserie en aluminium et une ambiance plus spartiate, tandis que la Turbo 2 est plus civilisée avec une carrosserie en acier et une finition améliorée.
La Renault 5 Turbo est-elle facile à conduire ?
Non, elle demande une certaine expertise en raison de son moteur turbo puissant, sa propulsion et sa tendance au survirage. Elle n’est pas recommandée pour les conducteurs novices.
La Renault 5 Turbo a-t-elle connu un succès en compétition rallye ?
Oui, notamment avec une victoire mémorable au rallye de Monte-Carlo 1981 grâce à Jean Ragnotti. Elle a cependant été dépassée plus tard par des voitures 4 roues motrices comme l’Audi Quattro.