L’Alpine A110 : Genèse d’une icône française des rallyes
Au cœur des années 1960, la création d’une voiture sportive française capable de rivaliser avec les géants automobiles internationaux était un pari audacieux. C’est à Dieppe, en Normandie, que Jean Rédélé, un passionné d’automobile et jeune entrepreneur, posa la pierre angulaire de ce qui allait devenir la légendaire Alpine A110. Sa vision était claire : concevoir une voiture légère, agile et vive, parfaitement adaptée aux routes sinueuses et exigeantes des rallyes alpins qui étaient son terrain de jeu préféré.
Grâce à un partenariat stratégique avec Renault, qui fournissait les mécaniques et le soutien logistique nécessaires, et à une approche ingénieuse de la conception, Rédélé parvint à créer un modèle inédit. L’Alpine A110, aussi surnommée « la berlinette », apparut en 1962 comme l’incarnation de la philosophie constructive du constructeur. La voiture ne s’appuyait pas sur la puissance brute, comme les américaines aux moteurs imposants, ni sur la robustesse renforcée des allemandes, encore moins sur le prestige et le luxe des italiennes. Au contraire, elle proposait une construction légère, un châssis tubulaire et une carrosserie en fibre de verre, alliant simplicité technologique et efficacité dynamique.
Cette approche novatrice lui conféra une agilité remarquable, fondée sur un poids plume de seulement 700 kg pour les premières versions. Le moteur, un 4 cylindres Renault implanté à l’arrière, contribua à une excellente motricité. L’ensemble délivrait des performances étonnantes dans les virages techniques des cols alpins où la voiture pouvait littéralement laisser derrière elle des rivales plus puissantes mais moins maniables.
Pour saisir l’essence de l’Alpine A110, il faut prendre conscience que ce n’était pas une voiture pour la course de vitesse pure sur circuit, mais bien une athlète de l’agilité et de la précision. Cette orientation dès la genèse lui permit de conquérir progressivement un palmarès enviable, notamment dans les rallyes renommés comme Monte-Carlo, San Remo ou le Tour de Corse.
| Année | Modèle principal | Caractéristique marquante | Objectif sportif |
|---|---|---|---|
| 1955 | Création de la marque Alpine | Partenariat avec Renault | Développer une voiture légère pour la compétition |
| 1962 | Lancement de l’A110 | Carrosserie en fibre de verre, moteur arrière 956 cm³ | Domination sur routes sinueuses et rallyes alpins |
| 1963 | Première victoire en rallye | Victoire de classe au Tour de France Auto | Confirmation sur compétitions routières |
Si l’évolution des moteurs sportifs était une bataille de puissance, Alpine préférait l’art de la mécanique légère et réactive. Cela constituait dès ses débuts une exception franco-française dans un univers dominé par la force brute. Des partenaires techniques comme Michelin pour les pneumatiques, Elf pour les carburants, Cibié et Bosch pour l’équipement électrique, ou Sparco et Sabelt pour les habituelles fournitures de sécurité participaient à l’excellence et à la fiabilité indispensable à sa réussite en compétition.

L’Alpine A110 et sa domination sur le Championnat du monde des rallyes 1973
En 1973, un événement majeur marqua l’histoire de l’automobile de sport : la création du premier Championnat du monde des rallyes par la FIA. Dès cette inauguration, l’Alpine A110 s’inscrivit en véritable favorite, représentant la France face aux ténors internationaux qui dominaient les compétitions automobiles depuis plusieurs décennies, notamment Fiat, Lancia, Porsche ou Ford.
L’Alpine inscrivit sa berlinette sur neuf des treize épreuves de la saison. Différents pilotes d’exception, tels que Jean-Luc Thérier, Bernard Darniche et Jean-Pierre Nicolas, vécurent à bord ce triomphe exceptionnel. Chaque spéciale, des routes glacées du Monte-Carlo aux cols exigeants du Tour de Corse ou au célèbre rallye de l’Acropole, leur conférait un immense plaisir de pilotage grâce au comportement exceptionnel de la voiture.
La légèreté exceptionnelle et la motricité arrière de l’Alpine lui permirent de surclasser des voitures bien plus puissantes. Cette saison fut jalonnée de victoires spectaculaires : Alpine obtint 7 victoires avec un total de plus de 60 points d’avance sur le deuxième constructeur, Fiat. La berlinette remportait ainsi la première participation d’un constructeur au championnat du monde avec un triomphe magistral, confirmant son statut de championne du monde des rallyes en 1973.
Ce succès historique fut renforcé par la montée en puissance du soutien industriel lorsque Renault acheta Alpine en 1973. Ce nouveau partenariat procurait des moyens techniques et financiers structurels, qui accélérèrent le développement de la voiture et de ses versions compétition. Toujours plus performante et proche de la voiture de série, l’Alpine devint le symbole de l’excellence française dans une discipline jusque-là dominée par des géants. Un soupçon d’insolence et une maîtrise technique parfaite donnaient naissance à une véritable légende vivante. Ce championnat reste gravé dans l’histoire comme une victoire du savoir-faire artisanal allié aux technologies industrielles performantes, un équilibre délicat que peu de constructeurs réussirent à tenir.
| Épreuve phare | Nombre de participants | Victoire Alpine | Pilote(s) clé(s) |
|---|---|---|---|
| Rallye Monte-Carlo | 270 | Oui | Jean-Luc Thérier, Jean-Claude Andruet |
| Tour de Corse | 180 | Oui | Bernard Darniche |
| Rallye d’Acropole | 150 | Oui | Jean-Pierre Nicolas |
Pour comprendre pleinement la portée de cette victoire, il suffit d’observer le contexte technique et industriel de l’époque. Tandis que des constructeurs comme Lancia développaient des voitures hautement sophistiquées, Alpine conservait sa simplicité et sa légèreté intrinsèque. Cette démarche se retrouvait aussi dans l’utilisation de pneumatiques Michelin, qui se révélèrent décisifs sur des terrains variés en alliant adhérence et robustesse. Le choix de moteurs fiables, associés à l’usage de carburants Elf et lubrifiants Total, renforça encore la compétitivité de la berlinette.
Techniques et évolutions mécaniques majeures de l’Alpine A110
L’Alpine A110 fut intrinsèquement un concentré de techniques ingénieuses et d’évolutions constantes témoignant d’une quête inépuisable de performance sans compromis. Dès son lancement en 1962, l’A110 étalait sa gamme de motorisations évolutives, commençant avec un moteur de 956 cm³ pour culminer à 1647 cm³ sur les versions ultérieures.
Sa boîte mécanique, à quatre puis cinq vitesses, et sa propulsion avec transmission aux roues arrière, garantissaient une sensation de conduite pure aux amateurs et pilotes professionnels. La suspension, indépendante sur les quatre roues avec ressorts hélicoïdaux et amortisseurs hydrauliques, apportait une tenue de route exemplaire, conjuguant confort et contrôle dans des conditions extrêmes. Les freins à disques sur les quatre roues, alors moins répandus dans les années 60, conféraient un freinage puissant et progressif indispensable dans les conditions de rallye.
Les pneus, en 165x70x13, étaient le fruit d’une collaboration avec Michelin, fournisseurs historiques pour Alpine, combinant adhérence et stabilité notamment sur surfaces mixtes comme les routes enneigées ou gravillonnées. Les côtes, les terrains volcaniques du rallye d’Acropole ou les routes glissantes du Monte-Carlo démontraient cette adaptabilité mécanique exceptionnelle.
Cette obsession de la légèreté et de la performance se traduisait aussi dans les différentes versions du véhicule, comme l’A110 1100 (et ses déclinaisons 70 ou 100 chevaux), l’A110 1300 S, ou encore les fameux modèles 1600 S, SC et SI, très prisés sur le circuit de compétition.
| Modèle | Moteur (cm³) | Puissance (chevaux) | Année | Caractéristique spécifique |
|---|---|---|---|---|
| A110 1100 | 1108 | 66 à 95 | 1964-1969 | Version d’entrée de gamme sportive |
| A110 1300 S | 1296 | 120 | 1966-1971 | Modèle très prisé en compétition |
| A110 1600 S/SC | 1565-1605 | 127 à 140 | 1970-1975 | Version de rallye avec injection (SI) |
| A110 1600 SX | 1647 | 93 | 1976-1977 | Dernière évolution avant fin de production |
Au fil du temps, plusieurs adaptations améliorèrent son aérodynamique et son comportement général, comme l’ajout de phares Cibié, la mise à jour de la suspension avec des triangles superposés empruntés à l’A310, ou la série d’accessoires Bosch pour une meilleure électronique. Malgré la montée en puissance des moteurs turbo dans la compétition internationale, Alpine conserva son ADN unique, même face à des rivaux plus sophistiqués comme la Lancia Stratos ou l’Audi Quattro qui révolutionnaient le rallye dans les années 70.
Pour approfondir la technique et les performances des moteurs Renault et leur influence sur les voitures de sport, les passionnés retrouveront des analyses détaillées dans des articles spécialisés tels que l’évolution des moteurs sportifs.
L’impact culturel et sportif de l’Alpine A110 en compétition internationale
L’A110 n’est pas qu’une voiture, c’est un symbole d’audace et de réussite française qui a transcendé sa simple fonction mécanique. Sa montée sur la scène internationale insuffla un nouvel élan à l’industrie automobile française, mettant en lumière la capacité de petites structures comme Alpine à rivaliser avec les mastodontes européens et mondiaux.
En compétition, au-delà du Championnat du monde, elle s’illustra dans de nombreuses disciplines : courses de côte, rallyes sur glace et épreuves de vitesse pure. Cette polyvalence renforça son image et contribua à la fascination des amateurs et professionnels qui voyaient en elle une machine aux multiples talents. Le palmarès de l’Alpine A110 compte plus de 28 championnats nationaux remportés entre 1967 et 1977, dont 6 en France, ainsi que des titres en championnat d’Europe et la fameuse victoire internationale des marques en 1971.
L’étonnante longévité de la berlinette face à ses concurrentes de plus en plus lourdes et puissantes témoigne d’une philosophie décalée, inébranlable. Le rallye, en particulier, devint un spectacle où la finesse mécanique, l’adresse des pilotes comme Jean-Claude Andruet, Bernard Darniche ou Jean-Pierre Nicolas et la stratégie maîtrisée permettaient à la petite française d’émerveiller les foules. Son palmarès éclatant à Monte-Carlo conforta son statut dans le cœur des passionnés et dans la culture automobile.
Plus que la simple victoire, Alpine inventa un véritable storytelling sportif avec des anecdotes mémorables racontées dans les paddocks ou auprès des mécaniciens. Par exemple, l’utilisation d’équipements spécifiques, comme la direction à crémaillère, les freins 4 disques ou encore la tenue de route remarquable améliorée par les pneumatiques Dunlop dans certaines conditions, ont fait de l’A110 une icône de la fiabilité sportive alliée au plaisir de pilotage. Cette aura sportive permit également de faire rayonner certaines grandes marques françaises partenaires et fournisseurs que sont Michelin, Elf, Total, Bosch, Sparco et Sabelt.
En 2025, le mythe de l’Alpine A110 continue à influencer la conception des voitures de sport modernes. Les passionnés d’automobile peuvent découvrir d’autres légendes du sport mécanique dans des articles thématiques comme les meilleures sportives françaises ou la fascination des voitures sportives à travers l’histoire.
| Discipline | Années | Palmarès majeur | Pilotes emblématiques |
|---|---|---|---|
| Championnat du Monde des Rallyes | 1971-1973 | 1 titre Constructeur en 1973 | Jean-Luc Thérier, Bernard Darniche |
| Championnat d’Europe | 1970 | Champion international des marques | Jean-Claude Andruet |
| Courses de côte et glace | 1963-1977 | Multiples victoires nationales | Jean-Pierre Nicolas |
Renaissance et héritage : l’Alpine A110 moderne et son influence durable
Quarante ans après la fin de la production de la berlinette originelle en 1977, Alpine a vécu une renaissance remarquée en 2017 avec la présentation d’une nouvelle génération d’A110. Cette réinterprétation néo-rétro cherchait à capturer l’essence même de l’originale tout en intégrant les avancées technologiques modernes en termes de moteur, châssis et sécurité.
La nouvelle A110, dotée d’un moteur turbo 1.8 litres à implantation centrale arrière et conservant un poids très contenu autour de 1100 kg, offre une tenue de route valorisée par une architecture chassis extrêmement rigide et légère. Renault, toujours impliqué, apporte ainsi un souffle nouveau, améliorant la maniabilité et la réactivité, deux marques d’origine d’Alpine. L’impact visuel de ce modèle se veut un hommage respectueux tout en étant une machine clairement conçue pour les performances contemporaines.
Techniquement, cette Alpine moderne est souvent comparée aux sportives renommées comme la Porsche Cayman ou la Toyota GT86, dont les aficionados peuvent retrouver des analyses précises et actuelles sur le site spécialisé. Pour beaucoup, l’A110 réalise une synthèse idéale entre plaisir de conduite, accessibilité et technologie de pointe, maintenant la véritable tradition française d’innovation et d’exception automobile.
Cette relève moderne ne fait pas oublier l’histoire de la berlinette, qui demeure une source d’inspiration permanente pour les pilotes amateurs et professionnels ainsi que pour les collectionneurs. La berlinette 1963-1977 fait encore l’objet d’entretien régulier et d’exposition lors d’événements dédiés à l’automobile de collection, où son charme intemporel captive toutes les générations.
Les experts de l’industrie soulignent que cette continuité entre passé et présent s’inscrit dans une stratégie gagnante : revitaliser l’image de marque par la nostalgie tout en préparant l’avenir avec des technologies étudiées pour le plaisir de conduite, comme le démontre aussi le développement de modèles récents comme l’Alpine A5 2024.
| Modèle | Année de sortie | Moteur | Poids | Caractéristique principale |
|---|---|---|---|---|
| Alpine A110 (origine) | 1962-1977 | 4 cylindres Renault 956 à 1647 cm³ | 570 – 790 kg | Légèreté et agilité, moteur arrière |
| Nouvelle Alpine A110 | 2017-présent | 4 cylindres turbo 1.8 L | 1100 kg | Design néo-rétro, technologie moderne de châssis |
Quel moteur équipait l’Alpine A110 durant sa période de compétition ?
L’Alpine A110 était équipée principalement de moteurs Renault 4 cylindres allant de 956 cm³ à 1647 cm³, offrant une puissance entre 66 et 140 chevaux selon les versions.
Pourquoi l’Alpine A110 est-elle considérée comme une voiture légère ?
L’A110 utilisait une carrosserie en fibre de verre montée sur un châssis tubulaire, ce qui réduisait considérablement son poids à environ 700 kg en versions de base, favorisant ainsi une agilité exceptionnelle.
Quels furent les principaux succès de l’Alpine A110 en rallye ?
La berlinette a remporté le Championnat du monde des rallyes en 1973, la première année de ce championnat, ainsi que le championnat d’Europe en 1970 et de nombreux succès nationaux et internationaux.
Qui fut à l’origine de la création de l’Alpine A110 ?
Jean Rédélé, un jeune entrepreneur et passionné de sport automobile, fonda la marque Alpine et créa la berlinette A110 en collaboration avec Renault.
Comment l’Alpine A110 influence-t-elle les voitures de sport actuelles ?
La nouvelle génération d’Alpine A110, lancée en 2017 par Renault, s’inspire de la philosophie originale de la légèreté et de l’agilité tout en intégrant des technologies modernes, influençant ainsi la conception des sportives contemporaines.