Les évolutions prévues du malus automobile jusqu’en 2028 : une fiscalité toujours plus sévère
Le projet de Loi de Finances pour 2026, présenté début octobre lors du Conseil des ministres sous l’égide du gouvernement Lecornu II, introduit une nouvelle étape dans l’évolution de la fiscalité automobile verte. L’un des axes majeurs est le durcissement progressif du malus CO2, visé pour rester un levier important de la réduction des émissions automobiles.
En effet, le seuil de déclenchement du malus, déjà abaissé régulièrement, continuera de diminuer à raison de 5 grammes de CO₂ par kilomètre chaque année, aboutissant à un seuil fixé à 98 g/km en 2028, contre 113 g/km aujourd’hui. Cette baisse progressive implique que de plus en plus de véhicules seront pénalisés fiscalement.
Par ailleurs, le montant maximal de la taxe, actuellement plafonné à 70 000 euros pour les véhicules émettant plus de 192 g/km, sera relevé de 10 000 euros chaque année pour atteindre une somme jamais vue auparavant : 100 000 euros en 2028 pour les automobiles dépassant 187 g/km. Cette augmentation vertigineuse démontre la volonté des autorités à décourager fortement l’acquisition et l’utilisation de véhicules très polluants.
Pour prendre un exemple concret, une voiture sportive ou un grand SUV puissant, comme certains modèles de Lamborghini ou Ferrari, bien connus pour leurs émissions élevées, se verraient frappés d’un malus équivalent à presque le prix d’un véhicule neuf de gamme moyenne. Cela conduira inévitablement les constructeurs à repenser leurs offres pour répondre à une demande de plus en plus orientée vers la sobriété carbone.
En parallèle de la révision du malus CO2, le malus sur le poids des véhicules connaîtra une stabilité dans les modalités, mais une suppression du plafonnement combiné des deux malus phare, rendant le cumul des taxes potentiellement beaucoup plus lourd pour les voitures les plus massives, un critère souvent associé aux grosses berlines ou SUV de marques telles que Mercedes-Benz ou Porsche.
| Année | Seuil de déclenchement (g CO₂/km) | Montant maximal du malus (€) | Seuil maximal d’émission (g CO₂/km) |
|---|---|---|---|
| 2025 | 113 | 70 000 | >192 |
| 2026 | 108 | 80 000 | >191 |
| 2027 | 103 | 90 000 | >189 |
| 2028 | 98 | 100 000 | >187 |
Ce tableau synthétise l’effort de taxation renforcé sur les émissions qui, combiné aux autres mesures écologiques, dessine clairement l’avenir de la mobilité individuelle en France.

Comment la fiscalité impacte la stratégie des constructeurs automobiles français et internationaux
Ce durcissement de la fiscalité automobile ne change pas seulement la donne pour les particuliers acquéreurs de véhicules, mais aussi pour l’industrie automobile dans son ensemble. Des groupes français comme Renault, Peugeot, Citroën ou DS Automobiles doivent adapter leurs gammes afin de limiter les émissions moyennes, sinon ils s’exposent à un impact commercial et économique conséquent.
La pression fiscale impose une accélération de la transition vers les motorisations hybrides, hybrides rechargeables et bien sûr les véhicules 100 % électriques. Par exemple, Renault a déjà fortement investi dans son offre électrique avec des modèles comme la Renault Zoe et la gamme Megane E-Tech, tandis que Peugeot pousse ses clients vers des modèles hybrides. DS Automobiles opte pour une montée en gamme avec des motorisations électriques ultra-modernes pour répondre aux attentes environnementales.
À l’international, les marques de luxe et sportives telles que Bugatti, Lamborghini ou Ferrari, souvent associées à des motorisations ultra-performantes mais à fortes émissions, seront contraintes de revoir leur stratégie produit. Lamborghini, célèbre pour ses V12 thermiques, envisage ainsi d’électrifier sa gamme à l’horizon 2030, conséquence directe de cette politique fiscale punitive. De même, Porsche, Mercedes-Benz ou Alpine cherchent à conjuguer performance et respect environnemental, ce qui nécessite un investissement massif en recherche et développement.
On peut citer en exemple l’initiative de Porsche avec sa Taycan électrique, qui illustre avec succès la capacité d’une marque premium à répondre à ces contraintes sans renier son ADN sportif. La conjonction entre fiscalité et avancées technologiques engendre un marché avec des véhicules hybrides rechargeables bénéficiant d’abattements de poids dans la taxation, ce qui favorise leur adoption.
| Constructeur | Stratégie principale | Impact direct du malus | Exemple de modèle adapté |
|---|---|---|---|
| Renault | Electrification progressive | Pression sur thermique essentielle | Renault Zoe, Megane E-Tech |
| Peugeot | Hybride rechargeable favorisé | Incitation fiscale à l’électrique | Peugeot 3008 Hybrid |
| Bugatti | Vers une électrification future | Malus élevé pour moteurs thermiques | Bugatti Chiron (ancienne génération) |
| Porsche | Motorisations électriques et hybrides | Diversification avec modèles verts | Porsche Taycan |
Ces transformations témoignent d’une industrie automobile en pleine mutation, où la fiscalité agit comme un moteur puissant, orientant la recherche vers la durabilité et la réduction des empreintes carbone.
Le malus poids : un levier moins médiatisé mais non moins crucial
Si le malus CO2 attire l’attention médiatique en raison de ses montants exponentiels, le malus basé sur le poids du véhicule joue également un rôle non négligeable. En 2026, le seuil de déclenchement est abaissé à 1 500 kg, contre 1 600 kg auparavant, rendant certains modèles plus lourds éligibles à cette taxe additionnelle.
Pour tenir compte des innovations technologiques et des types de motorisation, différents abattements sont appliqués :
- Les microhybrides bénéficient d’un abattement de 100 kg jusqu’en 2027.
- Les hybrides non rechargeables conservent un abattement similaire jusqu’en 2028.
- Les hybrides rechargeables qui peuvent parcourir plus de 50 km en mode électrique disposent d’un abattement de 200 kg jusqu’en 2028.
- Les véhicules 100 % électriques restent exonérés ou écoscorés jusqu’en 2028 avec un abattement de 600 kg à partir de mi-2026.
- Les véhicules à hydrogène perdront leur exonération pour un abattement de 600 kg en 2028, bien qu’ils soient encore marginaux en France.
Ces mesures visent à encourager l’innovation et le recours à des motorisations propres, tout en prenant en compte le poids très variable des systèmes de propulsion modernes, souvent plus lourds à cause des batteries.
À titre d’exemple, un SUV familial comme le Peugeot 5008 (en version hybride rechargeable) pourrait bénéficier d’un abattement, réduisant significativement sa charge fiscale sur la base du poids. En revanche, un véhicule thermiquement puissant et lourd comme une Lamborghini Urus se verrait appliquer le malus poids en complément du malus CO2, multiplier les coûts et influencer le choix du consommateur.
| Type de motorisation | Abattement poids (kg) | Durée de validité | Objectif |
|---|---|---|---|
| Microhybrides | 100 | Jusqu’en 2027 | Favoriser motorisations légères |
| Hybrides non rechargeables | 100 | Jusqu’en 2028 | Maintenir avantage fiscal |
| Hybrides rechargeables (>50 km électrique) | 200 | Jusqu’en 2028 | Encourager déplacements électriques |
| 100 % électriques | 600 | À partir mi-2026 | Soutenir les véhicules propres |
| Hydrogène | 600 | En 2028 | Remplacer exonération par abattement |
La suppression du plafonnement du cumul entre malus CO2 et malus poids instaurera une complexité renforcée dans le calcul des taxes mais permettra une meilleure prise en compte des caractéristiques exactes du véhicule, impactant significativement la fiscalité pour les modèles lourds et polluants.
Conséquences économiques et comportementales sur le marché automobile français
L’un des effets visibles du durcissement permanent des malus consiste en un changement notable des comportements d’achat. Une proportion croissante de consommateurs se tourne vers le marché de l’occasion ou privilégie de plus en plus les véhicules hybrides et électriques faibles en émissions.
Cette dynamique est particulièrement flagrante chez les marques françaises : Renault ou Peugeot voient leurs ventes de véhicules électriques et hybrides bénéficier d’un regain d’intérêt. Cette situation influe également sur les modèles proposés, combinant stratégies de gamme plus étendues en mobilité verte pour fidéliser une clientèle avertie et réduire l’imposition fiscale sur les ventes.
Le durcissement du malus a aussi un impact sur des segments spécifiques : les voitures de sport et les modèles premium qui excèdent souvent les seuils de CO2 se retrouvent dans une position difficile, ce qui pousse certains acheteurs vers des marques comme Alpine ou DS Automobiles qui proposent des alternatives hybrides plug-in ou électriques. Cela contribue à une transformation progressive du paysage automobile, où le privilège du luxe s’allie à la responsabilité écologique.
À titre de comparaison, certains modèles comme la BMW M3 Competition ou l’Audi S3 Berline (respectivement analysés sur voiture-sportive.fr et voiture-sportive.fr) restent emblématiques du segment haute performance, mais la fiscalité les rende désormais peu accessibles au grand public à cause des malus élevés.
| Conséquence | Effet sur le marché | Exemple |
|---|---|---|
| Hausse des coûts d’achat | Augmentation du prix final des véhicules polluants | Lamborghini Urus malussé jusqu’à 100 000 € |
| Migrations vers marché de l’occasion | Repli sur les voitures moins taxées et déjà immatriculées | Renault Zoe d’occasion entre 2018-2020 |
| Renforcement de la mobilité verte | Accélération de la conversion vers véhicules hybrides et électriques | Peugeot 3008 Hybrid et DS 7 E-Tense |
Il faudra observer comment ces mesures influencent durablement la politique commerciale des constructeurs automobiles, avec une attention particulière sur la conquête de parts de marché dans la mobilité durable, enjeu majeur de la décennie.
Zero émission et taxation : la fiscalité affinée pour les véhicules d’avenir
Un point important du projet de loi réside dans le traitement favorable accordé aux véhicules dits “propres”. Les voitures 100 % électriques bénéficient d’exonérations durables, notamment une exonération complète du malus poids jusqu’en 2028, une mesure qui souligne la volonté du gouvernement de favoriser la transition énergétique des transports.
Cette politique incitative s’accompagne du maintien d’abattements importants pour les hybrides rechargeables, à condition d’avoir une autonomie minimale en mode électrique. Ce système cherche à équilibrer la fiscalité pour encourager des motorisations mixtes capables de diminuer efficacement les émissions polluantes, sans imposer un passage immédiat au tout électrique, ce qui faciliterait l’adoption progressive.
Les plans de développement des constructeurs comme Alpine, avec sa forte orientation électrique, ou Citroën, qui investit dans des modèles low-cost électriques et hybrides, s’insèrent pleinement dans ce cadre. Cette fiscalité affinée se veut également cohérente avec les initiatives européennes, soulignant une harmonisation nécessaire pour stimuler les efforts environnementaux à grande échelle.
Les véhicules à hydrogène bénéficient, eux, d’un changement notable : leur exonération totale est remplacée par un abattement poids conséquent en 2028, témoignant d’une reconnaissance des efforts, même si ce carburant reste encore marginal. Cette évolution fiscale pousse ces technologies innovations à évoluer en efficacité et en volume pour préserver des avantages comparatifs dans la taxation.
| Type de véhicule | Avantage fiscal spécifique | Durée | Conséquence attendue |
|---|---|---|---|
| 100 % électrique | Exonération du malus poids | Jusqu’en 2028 | Incitation forte à l’achat |
| Hybride rechargeable (>50 km électrique) | Abattement poids de 200 kg | Jusqu’en 2028 | Encouragement progressif |
| Véhicule à hydrogène | Abattement poids de 600 kg en lieu et place d’exonération | À partir de 2028 | Adaptation fiscale technologique |
Ce cadre fiscal adapte donc l’ensemble des moteurs à leurs nuances écologiques, poussant à une différenciation claire des futures motorisations selon leurs impacts environnementaux réels.
Qu’est-ce que le malus CO2 et comment évolue-t-il d’ici 2028 ?
Le malus CO2 est une taxe appliquée aux véhicules émettant du dioxyde de carbone au-dessus d’un certain seuil. Ce seuil baisse chaque année de 5 grammes par kilomètre, afin d’élargir le nombre de véhicules taxés. Le montant maximal de la taxe atteindra 100 000 euros en 2028 pour les voitures dépassant 187 g/km de CO2.
Comment le malus poids affecte-t-il les véhicules hybrides et électriques ?
Le malus poids applique une taxe selon le poids du véhicule, avec des abattements spécifiques pour différentes motorisations. Les hybrides rechargeables ont un abattement de 200 kg s’ils parcourent au moins 50 km en mode électrique et les 100 % électriques bénéficient d’une exonération jusqu’en 2028.
Quel impact ce malus renforcé aura-t-il sur les constructeurs comme Renault et Peugeot ?
Les constructeurs français doivent accélérer leur électrification pour éviter que leurs modèles ne soient lourdement taxés. Cela stimule la recherche et favorise le développement de véhicules hybrides rechargeables et électriques, répondant aux attentes fiscales et environnementales.
Cette taxe excessive ne risque-t-elle pas de freiner l’achat de voitures neuves ?
Si le malus alourdit le prix des voitures très polluantes, il incite aussi clairement à la mobilité verte. Beaucoup se tournent alors vers le marché de l’occasion ou vers des véhicules moins taxés, surtout hybrides ou électriques, modulant ainsi la demande et le marché automobile.
Les véhicules à hydrogène restent-ils avantagés sous cette nouvelle fiscalité ?
Les véhicules à hydrogène voient leur exonération complète remplacée par un abattement poids dès 2028, ce qui constitue une transition fiscale plus équilibrée en fonction de leur poids, bien que le marché reste encore marginal en France.